Pierre Troisgros et Juliette Gréco sont décédés ce 23 septembre 2020, à 92 et 93 ans respectivement.
Ce sont 2 icones qui disparaissent en même temps, 2 momuments, chacun dans la force, la grâce, l’excellence et le dont de soi.
«Pierre Troisgros est décédé à son domicile du Coteau en début d'après-midi», a annoncé à l'AFP Patrice Laurent, directeur de la Maison Troisgros, qui travaille depuis 30 ans pour l'entreprise familiale.
Pierre Troisgros, dont les dernières images publiques étaient celles de son discours émouvant qu’il a prononcé à l’enterrement de son grand copain Paul Bocuse (cérémonie que j’avais eu l’honneur de commenter sur LCI en compagnie d’une certaine animatrice de la chaîne, devenue Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot) avait ému toute l’assistance. Par sa prestance. Par son parcours. Par ses mots “Paul, la Saône ta rivière chérie est en peine, elle déborde de tristesse”, Pierre Troisgros marquait son attachement à son grand ami PAUL, mais aussi à son terroir, à sa terre, à ses racines. Hommage à ses ancêtres, hommage a une région qui donne tant a qui sait en profiter. De droit, il devenait le dernier monstre sacré de la cuisine Française, le taulier.
Les “influenceurs” doivent être tristes de ne pas pouvoir instagrammer une photo de ce monument de la cuisine Française. Car Troisgros, c’est une autre époque. La discrétion mais la communication, la tradition mais la recherche de nouveautés. Une étape parmi les autres sur la route des vacances, cette fameuse nationale 7. Le rhônalpin que je suis se souvient de la fierté d’appartenir à une terre qui a engendré tant de légendes culinaires : Bocuse, Point, Pic, Troisgros, sans compter les mères Brazier, Blanc etc. etc.
Né en 1928 à Chalon sur Saône, il reprend avec son frère Jean l’auberge Moderne, celle de son père restaurateur.
La réputation se fait, la cuisine nouvelle débarque dans les assiettes, on ne parle plus vraiment de l’Auberge Moderne, mais des Frères Troisgros. Un duo, une fratrie qui consacrera une dynastie.
L'escalope de saumon à l’oseille fait parler d’elle…
Ils avaient acquis leur première étoile en 1956, la deuxième en 1965 et la troisième en 1968. Jean, le frère de Pierre, meurt en 1983 d’une crise cardiaque. Pierre continue seul, avec son épouse. Le lieu passe à la postérité.
La relève se fait avec son fils Michel à partir de 1992. Le succès ne se défait plus.
Après avoir été élu meilleur restaurant du monde, formé tant de chefs, vendu ses produits partout dans le monde et avoir été chef TV…Pierre Troisgros tire sa révérence, comme dans une Javanaise de Juliette Gréco.
Les Troisgros, c’est donc une véritable dynastie de talents, un empire culinaire avec la relève de Claude, Michel, Anne-Marie, ses enfants et César, Thomas et Léo, ses petits-enfants.
Le précurseur de la nouvelle cuisine a une double raison de rejoindre l’Olympe : celui des grands chefs mais surtout l’Olympe, son épouse ainsi prénommée et décédée en 2008.
Toutes mes pensées affectueuses à cette belle famille.